Leçon 29 : Temps du verbe

Le verbe varie en mode, en voix, en personne, en nombre, et en temps.


On appelle "temps du verbe" les formes par lesquelles le verbe situe l'action sur la ligne du temps, passé - présent - futur. Cette précision temporelle est donnée, soit par rapport au moment de l'écriture ou de la parole, soit par rapport à une indication de contexte (hier, la semaine prochaine, etc.), soit par rapport à un autre verbe de la phrase. On parle parfois de temps absolu quand l'action est datée par rapport au moment de la parole et de temps relatif lorsqu'elle est datée par rapport à un autre événement.


Chaque mode possède plusieurs temps. Le gérondif n'en a qu'un, tandis que l' indicatif, le plus riche, en compte huit.


L'indicatif, par exemple, peut être au : présent, passé composé, imparfait, passé simple, plus-que-parfait, futur simple, passé antérieur, futur antérieur.
L'impératif, uniquement au présent et au passé.


On distingue les temps simples, formés du verbe seul - radical et désinence (Il chante, il chantait, il chantera, etc.), les temps composés formés du verbe au participe passé et d'un auxiliaire au temps simple (Il a chanté, il avait chanté, il eut chanté, etc.), les temps surcomposés (rares) formés d'un auxiliaire à un temps composé et du verbe au participe passé (Il a eu chanté, il avait eu chanté, il aurait eu chanté).



Sur la droite du temps le verbe peut indiquer que l'action qui se passe au moment de la parole se déroule dans le passé, le présent ou le futur.


Passé
Les temps du passé sont :


- imparfait (je mettais) : indique un fait se déroulant dans le passé mais n'offrant d'intérêt ni par son origine, ni par sa fin;



L'imparfait est parfois dit "le présent du passé". Il exprime une action en cours dans le passé, au moment où une autre action, elle aussi passée, se produit. L'imparfait ne décrit ni le début, ni la fin de l'action en cours (Comme j'arrivais, j'entendis un grand bruit).


Il peut exprimer des nuances très proches du présent de l' indicatif :


= une action située à un moment précis du passé - imparfait narratif (En mars 1871, Paris était en flammes);


= une action qui dure - dans le passé (Le vent soufflait et emportait les nuages);


= une action habituelle - imparfait d'habitude (Le colonel soupait à 8 heures et partait rendre visite à Mme Lupin);


= un futur proche d'un passé (Nous avons appris que tu partais demain).


D'autres nuances résultent du contexte (un fait possible, une supposition, etc.). L'imparfait s'emploie très souvent pour atténuer une demande ou pour marquer la politesse (Je voulais vous demander...Vous désiriez...).



- passé simple (je mis) : exprime un fait entièrement achevé dans le passé;


- passé composé (ou passé indéfini) (j'ai mis) : exprime un fait entièrement achevé dans le passé mais pouvant avoir, avec le moment où l'on parle, quelques relations;


- plus-que-parfait (j'avais mis) : exprime un fait achevé par rapport à un autre fait lui aussi passé;



Le plus-que-parfait est un temps du mode indicatif et du mode subjonctif. Le plus-que-parfait indique un fait passé (c'est donc un temps du passé), ce fait est antérieur à un autre fait, passé lui aussi. Peu importe le délai écoulé entre les deux faits.


Dès l'ouverture de la porte nous avions compris. 
Dès l'année 1968, cela fait maintenant près de trente ans, nous avions compris.


Lorsque le fait au plus-que-parfait est en rapport avec un fait décrit par un second verbe, celui-ci est à l' imparfait, au passé simple, ou au passé composé.


Il venait une bonne odeur de soupe car la maîtresse de maison avait commencé le repas. 
Il crut que nous étions d'accord car nous avions souri à ses propositions.


Le plus-que-parfait s'utilise parfois dans une volonté d'atténuation en rejetant dans le passé un fait présent.


On sonne. J'ouvre la porte, et vois Pierre qui me dit : "j'étais venu vous rappeler votre promesse".


Après un "si" conditionnel, on emploie obligatoirement le plus-que-parfait si le fait est dans le passé.


Si tu m'avais prévenu, je ne serais pas parti.


Remarquez que le verbe de la principale est au passé du conditionnel.


Le plus-que-parfait a un temps surcomposé, peu employé, et la plupart du temps, uniquement si le verbe de la principale est lui-même au plus-que-parfait.


S'il lui avait eu fait visiter un lieu qu'il connaissait, il lui aurait dit.



- passé antérieur (j'eus mis): exprime un fait accompli, soit par rapport à un autre fait passé, soit par rapport à un complément de temps situant une marque dans le passé (la semaine dernière, hier...).



Présent


Le présent, comme son nom l'indique, exprime un temps. Sur la ligne du temps passé - présent - futur, le présent indique que l'action qu'exprime le verbe est en train de se dérouler (Il mange en ce moment).


Selon le mode : doute, interdit, éventualité, réalité, on utilisera le présent de l'indicatif, du subjonctif, du conditionnel, de l'impératif, etc. 


Au sens strict, le présent indique que le fait a lieu au moment même de l'écrit ou de la parole. Mais celui qui parle, celui qui écrit, peut se projeter n'importe où sur la ligne du temps, il peut étendre l'instant de la parole et le faire déborder en arrière sur le passé, en avant sur l'avenir. Le présent, dans ces emplois particuliers, peut alors exprimer diverses nuances :


- une action habituelle - présent d'habitude : Il travaille le soir ; 
- un fait passé - présent de narration : Alexandre le Grand se dirige alors vers l'Orient ; 
- une vérité générale : Le soleil se lève à l'Est ; 
- un fait futur après "si" conditionnel : Si tu parles le groupe est perdu ; 
- un fait futur présenté comme certain : Un mot de plus, je sors! ; 
- un fait qui déborde légèrement soit dans le passé, soit dans le futur : Il nous quitte à l'instant. Il revient tout de suite.



Futur


Le futur, comme son nom l'indique, exprime un temps. Sur la ligne du temps : passé - présent - futur, le futur indique que l'action qu'exprime le verbe se déroulera plus tard (Il mangera tout à l'heure).


Le futur appartient au mode indicatif, celui-ci est le mode du fait, de la certitude, de la déclaration, du jugement, de la croyance, etc. A l'intérieur de ce mode, le futur indique diverses situations par rapport au temps de l'action.


1. le futur simple (Nous paierons. Vous apprécierez) indique un fait à venir au moment de la parole (La semaine prochaine nous partirons en congé).


Il s'utilise parfois à la place de l' impératif qui lui aussi concerne le futur (Sortez! Vous voudrez bien sortir.).


On l'emploie à la place du présent de l'indicatif pour atténuer l'expression (Je vous demande de régler votre dette. Je vous demanderai de régler votre dette).


2. le futur antérieur : indique qu'une action sera passée lorsqu'une seconde arrivera (Dès que tu auras fini, nous partirons) ou qu'une action sera passée dans le futur (A ce moment-là, il aura fait des progrès). Il s'utilise aussi pour atténuer l'expression ou pour indiquer, dans un renversement de temps, le caractère pittoresque, exceptionnel, d'un fait déjà accompli (C'est impossible ! Vous aurez mal compris. Nous sommes perdus, c'est le concierge qui nous aura vendus).